Personnel – Mariage

Je n’ai pas l’habitude de faire des articles personnels. Par pudeur peut-être. Par respect de ma vie privée et de celle de ceux avec qui je la partage. Si vous suivez ma page Facebook professionnelle, vous avez probablement lu l’un de mes statut qui annonçait que je ne prendrai désormais que quelques contrats de mariage par année. Considérant que les mariages sont la facette de mon métier qui m’est le plus en demande, c’est une grosse décision. Une annonce étonnante, mais longuement réfléchie. Ce n’est nullement parce que je suis épuisée, ni que l’envie ni est plus. J’ai commencé à photographier professionnellement avec les mariages et c’est encore aujourd’hui ce que je préfère. Oui, c’est extrêmement demandant. C’est une charge de travail et un stress énorme. Mais c’est tellement de beaux clichés dans des conditions souvent féériques. À chaque contrat, chaque couple, c’est un défi différent à relever.

Vous voyez… Je suis la maman de deux magnifiques enfants. Des enfants, ça te bouleverse le corps, la tête et le coeur. Ça te chamboule tes habitudes, ta routine. Ça met ta maison sens dessus dessous. Ça remplit ton panier à linge sale à la vitesse de l’éclair. Ça te fais passer à travers 2 semaines de vêtements en quelques jours à peine.  Ça change ta perspective sur les ”grasses matinées” et les courtes nuits (ou longues, dépendant de notre façon de voir les choses).

Avec ma plus vieille, j’ai appris la vraie définition du mot patience. Que ce n’est pas parce que tu as répété la même information quinze fois de suite, qu’elle s’est nécessairement fait comprendre. Que lorsqu’elle me demande une pomme, je suis mieux de demander AVANT si elle la veut coupée, épluchée, râpée, en quartier, en entier, en carrée ou bien en purée. Que si je veux partir de la maison pour un rendez-vous, je suis mieux de m’y prendre un minimum d’une heure à l’avance. Elle m’a ouvert le coeur et l’a étiré jusqu’à ce que mon corps entier ne devienne que fibres d’amour maternel. Elle m’a apprit à être une maman. Un jour à la fois. Une erreur à la fois. Un essaie à la fois.
Ce n’est pas toujours facile. C’est un gros choc. Quand on te donne un bébé dans les bras et que tu ne sais pas trop quoi faire avec ça. Ça fait des heures que tu pousses ce miracle hors de toi. Tu veux dormir. Épuisée. Exténuée. Ça fait déjà quelques semaines, armée de ta bédaine que tu n’arrives plus à faire tes nuits. Maintenant, armée de ton bébé et de ta poitrine gorgée de lait, tu te prépares à faire face à une réalité effrayante: ton enfant dépend entièrement de toi pour sa survie et ce, indépendamment de tes heures nécessaires de sommeil pour être moindrement fonctionnelle.

Pour mon fils, c’est un tout autre apprentissage. Mon petit bébé bonheur. Mon colleux. Le petit gars à maman. S’il pouvait être collé contre moi tout le temps, je crois qu’il le ferait. Heureusement, il a un esprit curieux qui l’incite à explorer et à découvrir le monde et les gens qui l’entourent. Il a cependant toujours un regard sur maman pour le rassurer et s’assurer que je ne suis pas loin derrière. Il vient toujours me voir aux 10 minutes. Il vient faire un plein d’amour. De câlins. De sécurité. Mais j’ai appris avec lui un autre niveau de sécurité qu’un enfant/bébé pouvait demandé/avoir besoin. Et ce, jours et NUITS. En fait, surtout NUITS. Non. Mon bébé a un an passé et il ne fait PAS ses nuits. Si vous me croisez dans mon quotidien, mes cheveux en bataille, mon linge mou et mes cernes vous le crieront au visage.
Au fil de mon apprentissage, j’ai bâti l’image de la mère que j’aspirais être. J’ai pris conscience des non sens parental (à mon point de vue) implantés dans notre société. Celui qu’il faut que l’enfant se détache très tôt de sa mère, entre autres. Celui, à l’encontre de sa nature, qu’il doit devenir un être indépendant très tôt. Trop tôt.
J’ai choisi d’être mère. J’ai choisi de mettre au monde des individus avec leur complexité humaine. J’ai choisi de vivre dans le chaos émotionnel, physique et matériel que leur existence allait m’apporter. Et ce rôle est le plus important. Primordial dans ma vie et celle de mes enfants.

Alors que je berçais mon bébé pour la énième fois de la soirée et qu’il tardait à s’endormir. Que je pensais à la charge de travail qui trônait sur ma table de cuisine sale. Et que je sentais cette impatience me serrer la poitrine. Bouillir dans mon corps.
”Mais pourquoi donc ne dors-tu PAS encore? Dors misère! DORS!” que j’ai envie de lui hurler à la figure. La pensée même de la quantité de photos que je dois trier et retoucher me fait perdre toute ma douceur habituelle. Le stress de la date imminente de remise des photos à mes clients me pèse sur les épaules. Le date du prochain mariage à mon agenda que je vois en GROS  dans ma tête.
”Je n’y arriverai pas. Je n’y arriverai pas. Je n’ai pas assez de temps et bébé qui se réveille tout le temps et qui ne me laisse pas travailler.” Quand j’arrive enfin à déposer bébé bien endormi et à me rassoir devant mon ordinateur, j’ai un immense sentiment de culpabilité qui vient m’écraser. Je perds rarement patience avec mes enfants. Même si je n’ai pas osé verbaliser ce qui bouillonnait dans ma tête. Même si je n’ai pas isolé mon bébé dans son lit et l’y ai laissé pleurer son incompréhension, ma tête sait que mon coeur a failli. Ma tête sait que je n’étais pas là à 100% pour mon enfant. Ma tête sait que je n’étais pas à la hauteur.

J’ai ruminé cet instant bien longtemps. Surtout parce qu’il était le 1er d’une suite. Jusqu’à ce que j’ose finalement me remettre en question. Jusqu’à ce que je me rappelle mes aspirations et mes buts; professionnels et personnels.

Donc, comme je le disais plus haut, j’ai finalement pris la décision de prendre qu’une quantité déterminée de contrats de mariage par été. Cette décision a fait écho à mon désir de profiter de chaque moments possibles avec mes enfants. Mon désir de pouvoir profiter des heures de berçage avec mon garçon qui en manifeste encore le besoin. De le ”gâter”. Sans le presser parce que sa mère a des contrats de mariage qui s’ajoute à sa charge de travail à chaque semaine. Mon désir de pouvoir lire 15 histoires à ma grande fille avant le dodo et de lui donner les innombrables bisous qu’elle demande malicieusement dès que je suis sur le point de quitter sa chambre. Mon désir égoïste d’avoir, une fois de temps en temps, une soirée à moi et moi toute seule à ne RIEN faire. C’est donc  toutes ces raisons et bien d’autres qui m’ont poussée à vous faire cette annonce officielle et quelque peu déchirante. Dorénavant, il va sans dire que si vous voulez que j’immortalise l’une des journées les plus mémorables de votre vie, contactez-moi VITE!

Myriam Massicotte, Photographe de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Québec

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